La rupture.
Sur la vitre de la fenêtre Donnant sur l'entrée désertée, Une larme a laissé la trace d'un adieu émétique.
Le souffle chaud Exhalé par les hoquets de chagrin d'Emma, Y dépose de petits nuages plats Engorgés de désespoir humide. La trop longue allée restera vide à jamais.
Il s'en est allé. Comme ça. Sans même l'envie de se retourner Vers ce cœur qui s'accroche encore A ses vaines amours rêvées immortelles Et transmutées en souvenirs de plomb.
Il est parti ! En ne laissant que la triste musique de ses pas Crissant sur le gravier grisâtre Et qui résonnent en échos insoutenables Dans l'âme évidée d'Emma.
Le visage collé sans relâche Sur cette fragile frontière cristalline, Elle attend.
Malgré la morne buée, Recouvrant la vitre du salon D'un patchwork d'oublis cotonneux, Emma garde son regard pointé sur l'avenir.
| Un futur écimé qui s'est soudé sans compassion Sur la grille de l'entrée devenue muette. Les barreaux se sont solidement refermés Sur son amour inassouvi Et ils ne s'entrouvriront jamais plus. Pas même pour Emma. Sa vie s'est cristallisée. Attendant un dernier soubresaut, Pour s'éclater en mille et une étoiles Prêtes à se laisser avaler Par un grand "trou noir". Par un simple corps éteint. Par un objet sombrement massif Dont le champ gravitationnel si intense, Empêchera toute forme de matière Ou de rayonnement de s'en échapper. Un trou vide de tout ce qui est "vie", Observé avec bonheur Par des hommes insouciants de sa peine Des chercheurs figés à des millions d'années-lumière Des ténèbres d'Emma.
- Arteaga. |
----------------
« La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) »
----------------