De plus, lorsqu'on est "pété de fric", on est quasiment obligé
D'épouser une princesse et moi,
Je ne suis pas vraiment un fana de la révérence.
Sans parler des familles qui vous invitent dans leurs vieux châteaux,
Pleins de courants d'air et hantés par des fantômes
Si bien lavés avec "Mire ma laine...", qu'on les croirait
Importés exprès pour les comparer avec vos nuits blanches.
Enfin. Tout n'a pas été négatif.
Puisque ça m'a permis d'opter pour un avenir moins compliqué
Et comme on m'empêchait d'emprunter la voie royale,
J'ai donc décidé de suivre mon p'tit bonhomme de chemin.
Je voulais forger mon destin selon mes envies profondes
Et tenter de vivre l'existence
Qui correspondait le plus à mes émotions.
Alors j'ai vécu de la sorte. "Au jour le jour" et parfois,
"À la nuit la nuit". Souvent, même.
À tel point que j'avais renoncé à voir le jour.
Mais à force, j'ai dû consulter un médecin un peu lunatique
Qui m'a conseillé de renoncer à vivre ainsi. C'est à partir de ce jour
Que j'ai consacré mes nuits au sommeil et mes jours à l'éveil.
C'est-à -dire, à l'éveil de ma vie au jour le jour
Et celui de mes envies premières
Au long sommeil de mes aspirations utopiques.
Très jeune, j'avais donc renoncé à la richesse
Et à tout le travail que ça nécessite pour la dorloter.
Je vivais tranquillement de mes rêves à deux balles,
Mais certains "élus" (je dirais même tous), m'ont gentiment prié
De ne surtout pas renoncer à l'entretien du Trésor Public.
C'est pourquoi je me suis déguisé en comptable et bon gré mal gré,
J'ai exercé quelque temps dans un petit bureau très coquet,
Format cagibi professionnel, sans bar et sans barbecue.
Un bel endroit, bien au calme, ne nécessitant pas plus
D'une quinzaine de minutes d'ascension d'escalier principal
Pour apercevoir un petit bout de ciel bleu.
Mais si l'on veut vraiment renoncer au luxe,
Il faut bien faire quelques concessions.
Malgré tout, j'étais entouré de gens plutôt sympas.
Des enracinés au visage d'une jolie couleur gris perle
Qui aurait fait tache dans une station balnéaire
Du nord de la France. Tous également
Fervents amis des animaux et qui avaient eu la bonne idée
D'accrocher sur le revers de leur veston,
La toile de l'araignée qu'ils avaient dans leur tête.
Genre médaille du mérite de la durabilité.
Afin de casser cette ambiance de kermesse j'avais également,
Dans mon environnement proche, quelques tonnes d'archives
En attente de pourrir mon humeur champêtre
Et deux ou trois piles de chemises en papier couleur,
Prêtes à me couvrir de ridicule.
C'est peut-être pour ça que j'ai décidé
De m'envoler vers des horizons plus lointains,
Bien plus fleuris et beaucoup moins austères.
Alors, a commencé une vraie vie de plein air,
Bourrée d'aventures, bonnes ou mauvaises
Et vide de tout soupçon de fortune.