La tauromachie (acte-1)
Je suis un inconditionnel de la nature ou j’aime me perdre.
Ce jour-là , je me promenais au bord d’un ancien canal.
Devant moi marchait un pĂŞcheur qui comme moi admirait le cadre magnifique.
Enfin, surtout moi, lui regardait l’eau et les herbiers.
Soudain, il s’arrêta et me dit : regardez ces deux petites bulles à la surface.
Regardez à droite d’autres petites bulles derrière l’herbier.
Ce sont sans aucun doute des tanches.
Il s’arrêta et prépara sa canne à pêche en me disant :
Si c’est vraiment des tanches, il me faut une ligne solide au moins du 14 % avec un hameçon de 10.
Car c’est un poisson très fort et très combattant.
Il sortit d’une boîte un très beau lombric, très remuant.
Il le piqua avec son hameçon qu’il enfila jusqu’à sa disparition.
Je voyais ce pauvre lombric se tordre dans tous les sens pour essayer de se libérer.
Il se tortillait, s’enroulait autour de la ligne…en vain.
J’assistais à cette douleur muette et je me sentais vraiment très mal.
C’est très dur la tauromachie !
Puis le pêcheur lança sa ligne et nous attendions, quand soudain le bouchon a disparu, la ligne s’est tendue, un poisson avait mordu.
Après, j’ai assisté à un duel terrible. Le poisson nageait vers le large et le pêcheur l’obligeait à tourner à droite en couchant sa gaule sur le côté. Puis le poisson partait vers la gauche et là encore le pêcheur couchait sa gaule sur le côté l’obligeant à tourner.
Un combat inégal, ou le pêcheur faisait tout son possible pour fatiguer sa proie enfin de l’attirer au plus près de son épuisette.
Cela a duré un temps très long, trop long pour moi qui assistait à cette mort programmée.
J’assistais à cette douleur muette et je me sentais vraiment très mal.
C’est très dur la tauromachie !
Enfin, très fatigué, le poisson se laissa ramener vers le bord ou le pêcheur l’attrapa avec son épuisette.
C’était bien une tanche, le pêcheur l’estima à deux bonnes livres en me disant qu’il était fier d’avoir attrapé une si belle tanche.
Il la décrocha de son hameçon, sa gueule blessée était dégoulinante de sang, des restants de lombric remuaient encore.
Le pêcheur mit la tanche dans sa musette, toujours vivante, je la voyais continuer de se débattre toujours en vain.
J’assistais à cette douleur muette et je me sentais vraiment très mal.
C’est très dur la tauromachie !
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Mais j’aurais dû mettre un autre titre, peut-être la pêcho-machie ?
Écrit par Daniel LEFEBVRE
Le24.11.2022
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