Blottie dans la forêt de sa couette sauvage,
Un œil moitié fermé, position camouflage,
Elle entend l’écureuil, discute avec un cerf…
« Maman, je t’en supplie, n’éteins pas la lumière. »
La nuit recouvre alors de son grand manteau noir
L’innocente fiction, des pas dans le couloir…
Tout devient inquiétant, l’ombre d’un peuplier
Dessine sur le mur un contour familier.
C’est un loup ! Un renard ! Prédateur de la vie;
Un grincement de porte excave son abri.
Il n’y a plus d’issue… Se préparant au pire,
Elle, au fond de son lit, fait semblant de dormir.
Quand l’odeur qui s’en suit s’invite sous les draps,
Elle empoigne son ours, le doudou de papa,
Et commence à pleurer, perdue dans la nature
Au cœur de la foret, seule avec cette ordure.
Et puis c’est la battue, l’écureuil s’est enfuit,
Le cerf a disparu, où sont donc ses amis?
Faisant face au chasseur, Ã cent lieues du sommeil,
Elle implore le ciel que maman la réveille.
C’était un mauvais rêve… Au lendemain matin,
Elle embrasse le jour qui se révèle enfin.
Des mésanges bleutées chantent naïvement,
Là … dans son pyjama… une goutte de sang.
L’animal est blessé, ignoble cauchemar,
Ne sachant plus très bien d’où vient sa peur du noir,
Elle sort de la chambre et demande à sa mère :
« Ce soir, je t’en supplie, n’éteins pas la lumière. »
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.