Sept janvier deux-mille-vingt-quatre
Dehors, ça y est, il neige
C’est l’hiver qui vient débattre
C’est mon monde pris au piège

Et malgré mon amour du froid
De la nuit et de la neige
Je n’ai pas le cœur à la joie
Assis au fond de mon siège

J’ai le regard mélancolie
Sur cette vie qui va trop vite
Sur ces accords en poésie
Qui lentement périclitent

Sur mon présent un peu trop vide
Sur mon passé un peu trop plein
Boule à neige un brin perfide
Qui se moque du destin.

Dehors, je marche dans la neige
Comme un besoin d’avoir froid
J’écoute les notes, les arpèges
Des mélodies qui montent en moi

Je suis l’étranger dans la glace
Je suis Ievguenia ou Nathalia
Sous les bombes, les menaces
De Kiev ou d’Hiroshima

Je suis révolté du premier jour
Je suis soldat de la prose
Je suis l’ombre en contrejour
Je suis l’enfant qui s’oppose

Je suis résistant anarchiste
Je suis surtout fatigué
La neige efface les pistes
Et je me retrouve à quai

Devant ma seule réalité
Que d’être né au bon endroit
D’avoir à manger jusqu’à gerber
D’avoir du feu sous mon toit

Je sais, c’est pas ma faute à moi
C’est déjà bien d’être empathique
Mais pour être honnête, parfois
Je me trouve surtout pathétique

Avec mes rêves « petit bourgeois »
Avec mes soucis de petit prince
Alors je marche dans le froid
Tandis qu’il neige sur ma province.

Y’a pas de fin à ce poème
Que ce piano qui s’endort
Y’a pas de mot à la bohème
Quand le cœur se détériore.

Sept janvier deux-mille-vingt-quatre
Dehors, enfin il neige
C’est l’hiver qui tend la patte
C’est parti pour un tour de manège.

Loïk Perrin