Et pourtant je sais bien que pour être un acteur
Il faut savoir ravir le moindre spectateur.
Voyez-vous mon ami, je vous trouve fort sage
A ne jamais Å“uvrer pour forcer le passage !
Vous formez en tout temps avec cette assemblée
Un cénacle assistant le candide, d’emblée !
Vous dites, tout de go, le propos sans ambages
Qui n’ose proposer de le soumettre aux gages.
Ne jetez plus votre œil du côté des envieux
Hélant, las, le soleil quand le temps est pluvieux
Et veulent ressembler à notre feu Molière
Qui s’exprimait jadis sans nulle muselière.
Quand la panne des sens vous surprend au lever
Cherchez donc le soutien qui peut vous soulever.
Il est tant de gens bons pour vous porter de l’aide
Qui savent embellir toute figure laide.
Voyez mon attitude avec prompt dévouement
Car elle a ce transport qui jamais ne vous ment.
Je ne saurai pour l’heur vous montrer autre mine
Celle qui vous fout droit quand elle vous domine.
En cet accort Quercy où je vins autrefois
J’ai sans mal pris Racine et grandi toutefois.
Lors en vous promenant chemin de la Fontaine
Vous verrez bien caché mon amical domaine.
La cave souterraine abrite de vieux vins
Qui sont tous bien Français, aux transports si divins.
Un jour (peut-être un jour) connaîtrons-nous l’ivresse
Quand je vous aurai dit enfin la bonne adresse.
Lorsqu’ici la Corneille émet son cri fatal
C’est qu’elle croit soudain voir son pays natal.
Mais vous, mon bon Ami je vous sens fort affable,
C’est pourquoi je vous dis « venez donc à ma table ! »