Mise en page Sphyria / Illustration Franie
Mon oncle, ce paysan, amoureux de la terre
Sobre et rugueux a accompli des exploits
Ses efforts de titans rendirent la misère
Des lopins escarpés en verdoyants endroits.
Tout son combat fut de façonner des terrasses
D’amender, d’ameublir les sillons de l’espoir
Et de capter les eaux qui suintent sous la surface
Pour les emmagasiner dans un grand réservoir.
Il y croyait si fort qu’il travaillait sans relâche
En rĂŞvant de vergers, de riches potagers
D’élever des brebis et surtout d’une vache
Qu’il joindrait au troupeau d’un aimable berger.
Durant de longues années, armé de patience
Il avait entretenu ses arbres et son bétail
Nul obstacle n’a pu ébranler sa vaillance
Jusqu'enfin savourer le fruit de son travail.
Souvent je lui rendais d’inopinées visites
Le trouvais occupé et, fier de m’accueillir
Il m'installait alors dans la fraîcheur d’un gîte
Aménagé pour qui veut bien s’assoupir.
Nous rentrons au couchant dès le retour des bêtes
Approvisionnés de ce que le sol produit
La vache rassasiée et les brebis en tête
Le labeur revient avec richesse et bruit.
Mon oncle, ce paysan, amoureux de la terre
Est parti un matin, s’en est suivi son verger
Il repose aujourd'hui dans un cimetière
Et des chardons hideux squatent ses potagers.
L’essor rural dit-on apporte le mieux-vivre
Le meunier d’antan devient le boulanger
Et le blé de l'import de la faim nous délivre
Mon oncle meurt bien fort pour te mieux soulager!
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