Le marchand de fables est passé...
Qu’on le veuille ou non, c'est la loi de la nature,
Quand le loup et l’agneau sont près de l’onde pure
On sait que la faim de gigot et côtelettes
Donne toujours à la fin : "Là bêlait la bête".
Ainsi tourne le monde au moment du repas
Où chacun cherche à contenter son estomac
En se gardant d’avoir plus grand œil que grand ventre
Au risque d’incidences plus que conséquentes.
Règle que le rat des villes et le rat des champs
Ont enfreint en laissant leurs reliefs d’ortolan
Alléchés par l’odeur fleurie d'un Brie de Meaux
Que le renard venait d’extorquer au corbeau.
Mal leur prit de suivre l’arnaqueur car soudain
Surpris par le lièvre courant comme un lapin
Le canidé se prit les pieds dans la tortue
Et lâcha le fromage en tombant sur le cul.
Le Brie finit sa course entre les deux rongeurs
Formant sans le vouloir un copieux cheeseburger
Que la grenouille à l’affût goba comme un œuf
En vue de se faire aussi grosse que le bœuf.
Le renard, vexé, voyant la cigogne hilare,
Eut un coup de sang et lui rentra dans le lard
Tandis que derrière eux l’amphibien boulimique
S’étouffait et enflait de manière critique.
Son allergologue pourtant lui avait dit
De s’en tenir à la cigale et la fourmi
Mais préférant bâfrer plutôt qu’on la convainque
La grenouille explosa d’un œdème de Quincke.
Le roseau, plié par le souffle surpuissant,
Vit le chêne rompre et se coucher violemment,
Transformant le corbeau, le renard, la cigogne
Et le lièvre en galettes façon hérissonne.
La tortue, elle, catapultée dans les airs
Arriva à la vitesse de la lumière
Dans la tête du loup terrassé sur le coup
Sous les yeux de l’agneau qui ne comprit pas tout.
Qu’on le veuille ou non c'est la loi de la nature
Quand on place un fromage près de l’onde pure
Son odeur se répand et les dégâts sont lourds...
On devrait toujours se méfier d’un Brie qui court !
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