"CONDENSATION"

Rappel : En "condensation" il est nécessaire de conserver un ou plusieurs mots originaux de l'auteur à la fin de chaque vers. On peut, du fait de la diminution du texte, enlever les mots d'origine du début de chaque mètre, les remplaçant par des termes adéquats qui devront néanmoins conserver le sens principal du poème. Bien entendu, on peut garder les même particules tant que cela est possible ;l'exercice ne sera que plus fidèle à l'original. Ce n'est pas une obligation.

Par contre, comme pour la "dilatation", si on s'inspire d'un poème classique, les vers, quels que soient le nombre de syllabes, doivent TOUS être réguliers. Autrement dit, pour être totalement réussi, on ne peut pas écrire un poème en vers libérés sur des alexandrins, par exemple. La forme fixe doit être respectée. Dans mon exercice ci-dessous, à partir d'alexandrins, j'ai écrit tous mes vers en octosyllabes. La "condensation" est l'inverse de la "dilatation", autre exercice de style.

Comme la composition, la narration ou la rédaction, la condensation, plus connue en exercice scolaire sous le nom de "contraction de texte" a donné lieu, en poésie, à quelques œuvres littéraires, comme, par exemple, Raymond QUENEAU qui a "condensé" des poèmes de MALLARMÉ. Encore plus convaincante est la démonstration de Tristan DERÈME qui a pu condenser la "Ballade du duel" de "Cyrano de Bergerac" d'Edmond ROSTAND (28 vers) en un sonnet (14 vers). Un tour de force !

On peut comparer la "condensation" des vers avec "l'Haïkaïsation", procédé bien connu, lui aussi, consistant à ne conserver d'un poème (de préférence célèbre) que la fin des vers. On obtient par ce tronçonnement un petit poème qui prend ainsi l'allure d'un Haïkaï.



Alfred de MUSSET

SE VOIR LE PLUS POSSIBLE… (Poème original)

Se voir le plus possible et s'aimer seulement,
Sans ruse et sans détours, sans honte ni mensonge,
Sans qu'un désir nous trompe, ou qu'un remords nous ronge,
Vivre à deux et donner son cœur à tout moment ;

Respecter sa pensée aussi loin qu'on y plonge,
Faire de son amour un jour au lieu d'un songe,
Et dans cette clarté respirer librement -
Ainsi respirait Laure et chantait son amant.

Vous dont chaque pas touche à la grâce suprême,
C’est vous, la tête en fleurs, qu'on croirait sans souci,
C'est vous qui me disiez qu'il faut aimer ainsi.

Et c'est moi, vieil enfant du doute et du blasphème,
Qui vous écoute, et pense, et vous réponds ceci :
Oui, l'on vit autrement, mais c'est ainsi qu'on aime.
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SE VOIR LE PLUS POSSIBLE
Exercice de « condensation » d’après le poème d’Alfred de MUSSET

Se voir et s’aimer seulement,
Sans ruse ni honte et mensonge,
Sans désir qu’un remord nous ronge,
Et vivre à deux, à tout moment.

Aussi loin que la pensée plonge,
L’amour n’est pas un lieu de songe,
On y respire librement…
Et Laure y chantait son amant.

Vos pas sont de grâce suprême,
C’est vous qu’on croirait sans souci :
Vous me disiez d’aimer ainsi.

Enfant du doute et du blasphème,
Je vous écoute, avoue ceci :
Vivre autrement : aussi on s’aime !

ANDRÉ
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