Papa est parti...
HaĂŻku d'a-Dieu Ă papa
Douceur d'enfance
mon père mon repère
à présent parti
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https://avis-deces.ladepeche.fr/avis/2024/07/29/yvan-aussenac-1013056.htmlPapa est parti...
Trois petits mots qui disent tant d’insupportable évidence : car perdre un père, c’est perdre l’un de ses touts premiers repères.
C’est toi, papa, qui m’a montré comment marche le monde, quand tu faisais tourner une orange autour d’une lampe pour me parler de la terre et du soleil…
C’est toi qui m’as fait écouter la Pastorale de Beethoven que j’adorais à 4 ans, mais aussi les élucubrations d’Antoine, et, plus tard, Ferrat et sa montagne, Bécaud et sa Nathalie, et le jazz d’Armstrong et les chœurs de l’Armée Rouge… Et si c’est maman qui m’a appris à lire, c’est bien ton immense bibliothèque qui m’a ouvert l’univers, puisque nous y avions un libre accès…
Tu m’as aussi offert la nature en partage dès mon plus jeune âge, quand tu me montrais des biches et les sangliers dans les forêts des Ardennes…
Tu aimais tant de choses, tu avais un tel appétit de vie que ta mémoire et tes souvenirs sont partout, sans cesse. Tu étais, papa, un homme de devoir, c’est vrai, de devoir envers ta famille, tes administrés et ton pays que tu as servi avec conviction.
Mais tu as été aussi un homme de plaisirs, et tu nous as su nous transmettre ce goût immodéré pour les belles et bonnes choses… Bien sûr, tu avais tes failles et tes défauts, car la chair est faible, et je me souviens des volutes de tes gitanes et des cliquetis des glaçons dans ton verre de whisky ! Mais tu aimais tant d’autres choses…
Tu aimais ta vallée, son ruisseau, ses prairies, et je penserai toujours à toi en arpentant des sentiers et des bois, en gardant intact le souvenir de ton sourire de fierté quand tu nous ramenais de pleins paniers de légumes magnifiques !
Tu aimais les animaux, tes deux juments Drogetta et Catina, et je te souhaite qu’il y ait des chevaux au paradis !
Tu aimais le cinéma, les films et les feuilletons, et tu m’as transmis le goût des classiques, m’invitant à découvrir avec toi, sur le canapé familial, tous les Pagnols que tu adorais pour leur faconde, tous les Louis de Funès qui te faisaient tant rire, (et c’est vrai que tu avais quelque chose de Galabru !!), et puis Bourvil, et Fernandel, car tu ne ratais jamais un Dom Camillo ! N’oublions pas les « films qui tustent », comme tu disais ! Promis, je continuerai à regarder Bruce Willis et Walker Texas Ranger en pensant à toi !
Tu aimais les romans et la poésie, et le théâtre, je possède encore cet exemplaire de Prévert que tu avais dédicacé à maman avec une strophe d’Eluard, et toutes les pièces de Molière, Racine et Corneille que tu avais annotées… Et ne t’inquiète pas, je ne te piquerai pas tes Lagarde et Michard, j’ai mes propres exemplaires depuis longtemps ! Et c’est de toi que j’ai cet amour de notre belle langue française, que j’essaye de manier avec autant de finesse et de précision que tu le faisais, chassant moi aussi les virgules mal placées et les coquilles !
Tu aimais la France et ses terroirs, en particulier le tien, immensément fier d’être issu d’une lignée paysanne, d’être un Cassan de la Camboussié comme tu le disais, et d’avoir toujours gardé cette proximité avec tes racines. Mais tu aimais aussi l’Allemagne où tu étais allé dénicher une épouse, avec un grand courage, peu de temps après la guerre, et tu as eu bien raison d’oser l’Europe avec maman : nos grands-parents aussi l’avaient compris, et c’est ensemble qu’Albert, le maquisard résistant et Erich, le soldat de la Wehrmacht enrôlé de force, vous ont aidé, bérets sur la tête, à restaurer la maison de la Quille du Roy !
C’est drôle d’ailleurs, ces derniers mois tu confondais l’occitan et l’allemand, tu mélangeais les deux langues, à Noël tu nous as souhaité « Frohe Nadal ! », et j’ai trouvé cette formule magnifique !
Tu nous manquais déjà , papa chéri, quand, depuis quelques années, nous arrivions à la gare de Castres et que tu n’étais plus là , à nous attendre sur le quai, avec ton sourire et ton cigarillo…
Tu vas nous manquer encore plus, mais tu seras un peu partout, dans les effluves de ton parfum, « Habit Rouge », dans les notes de jazz, dans les clapotis de ton ruisseau, et surtout dans nos cœurs, pour toute l’éternité, avec ta superbe devise qui était :
RIEN QUI VAILLE LA JOIE !
C’est en mémoire de cette magnifique citation de Sophocle, que tu avais faite tienne, que nous allons entendre l’Hymne à la joie pour accompagner ton dernier voyage.
Papa, tu ne m’as jamais dit « je t’aime », car tu étais un homme pudique, de cette génération où les hommes exprimaient peu leurs sentiments, Mais tu nous as montré durant toute ta vie que tu nous aimais profondément. Alors je te le dis une dernière fois :
Je t’aime, papa. Tous tes enfants et petits-enfants, et bien sûr notre maman t’aiment. Bon voyage, papa !
https://www.facebook.com/1138188420/videos/pcb.10225354707431505/772911141447580Mise en page de Sybilla / Photo de Lou
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Lou, aux nuits rossignol...