Illustration et mise en page Cyraël
La fleur est belle dans son écrin de velours.
Des soies minuscules recouvrent sa peau douce,
une élégance rare.
Ses courbes sont lumières,
sa beauté singulière est à mille lieux des modes,
est-elle là pour plaire ?
Il faut du temps pour l'apprécier.
Intemporelle, étrangère au temps qui passe,
elle vit le rythme des saisons.
La rosée du matin, du printemps à l'hiver,
chaque jour la fait renaître.
Au bouton qui se fane, répond l'autre qui s'ouvre,
l'éternité s'incarne comme elle se renouvelle.
Le plus joli des vases, a bien des arguments.
Il habille sans peine, se montre rassurant,
donne l'eau de la fontaine, aux plus fragiles plants.
A mieux la fréquenter, on choisira la terre,
le fruit sans la racine, s'abîme et puis se perd.
Faire affaire avec elle, n'est pas bien compliquer.
Une terre amendée, voisine d'un muret,
a toutes ses faveurs, est du meilleur effet.
La femme à la rose, n'est pas bien différente.
Certes elle part en voyage, fait de belles rencontres,
connaît les paysages, mille lieux à la ronde,
mais comme son amie, qui vit dans le jardin,
la chose du matin, qui fait tourner le monde,
c'est l'odeur du parfum.
Le jour se lève, les premiers rayons du soleil traversent les volets.
En chemise et pieds nus, si tôt hors les murs, c'est l'heure tant attendue.
Devant le grand rosier, les senteurs musquées inondent tout l'espace.
Dans ce moment intense, les paupières sont clauses, les sens réveillés.
Viennent les beaux souvenirs, plus rien n'a d'importance.
Transporté dans le temps, la vie et ses histoires, on savoure l'instant.
Après le recueillement, voici celui du choix.
Le bouton le plus mûr aura sa préférence.
Glissé dans la chemise, à la poche du col,
il offre son odeur, ponctuelle et mesurée.
C'est le porte bonheur, pour toute la journée.
Cette femme à la rose, ressemble à beaucoup d'autres.
A travers son rituel, elle nous dit le partage, celui des choses simples,
comment ne pas l'aimer ?
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Je crois à la force de la poésie