Plume de satin Inscrit le: 16/1/2015 De: |
Le manque LA FENÊTRE DU BONHEUR
Assise près du radiateur, tu regardes le monde au travers de la dentelle jaunie, Ainsi passent les heures, depuis le départ de ton amour il y a une décennie,
Tu ne cesses de te remémorer les plus beaux moments passés ensemble, Ceux-là même qui font que tes yeux brillent, et que ton cœur tremble,
Le regard qu'il a posé sur toi, lors du mémorable bal de fin d'année, Son premier Je t'aime glissé à ton oreille dans sa Dauphine rouillée,
Les vacances en Provence où il ne cessait d'imiter le chant des cigales, Il est vrai que pour faire le pitre, ce bougre n'avait vraiment pas d'égal,
Il aimait semer sur le chemin de votre vie des étoiles et de jolies fleurs, Bref, toutes ces petites choses qui ont conduit à votre plus grand bonheur,
Aujourd'hui, de tout cet amour il ne te reste qu'un gros tas de souvenirs, Un amoncellement de larmes mais aussi de grands soupirs,
Comme la photo de lui en chemise verte posée sur le meuble de la cuisine, Où ta robe de mariée, enfermée dans une armoire à l'odeur de naphtaline,
L'étagère d'albums photos dont tu ne cesses de tourner les pages, Ces nombreux outils qui envahissent toujours la moitié du fond du garage,
Oui c'est vrai, depuis dix ans tu ne prépares plus qu'un seul café, Tu te réveilles dans un grand lit à moitié vide, avec un deuxième oreiller,
Le tic-tac de l'horloge, ternie par le temps, rythme tes longues journées, Celle dont le coucou ne prend même plus la peine de se montrer,
Tu es toujours là , seule à penser devant la fenêtre près du radiateur, Quand tout à coup une vieille Dauphine passe et refait battre ton cœur.
© Crutze Alec
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