Si vous lisez ceci, peut-être est-ce trop tard…
Vous voilà sur le point de plonger dans le noir
Absolu de mon encre où déjà se dessine
Une rose éventrée par ses propres épines.
Pourtant, Ã sa splendeur, on aurait pu sentir
Qu’aucune ombre en ces lieux ne pouvait l’assombrir,
Et pourtant… Une odeur de grande solitude
Implorait en son cœur qu’un bourgeon se dénude.
Elle acceptait la main de ces cueilleurs de vie,
S’abreuvait de promesses et d’amertume aussi,
Redécouvrant ses ronces au moment de tomber
Amoureuse… Était-elle incapable d’aimer ?
Puis vint ce petit prince à la cage dorée,
Ne flânant dans son champ que pour l’apprivoiser :
Une telle beauté doit rester bien couverte
Au risque de courir, par mégarde, à sa perte !
Ce qu’il prenait soin d’elle ! On peut dire, entre nous,
Que d’avoir la main verte inspire les jaloux…
Ni le vent ni la pluie n’abimaient plus sa robe,
Abritée grassement du matin jusqu’à l’aube.
Vous ai-je prévenu, peut-être un peu trop tard,
Que c’est bien dans le noir que finit cette histoire :
A force de vouloir ainsi la protéger,
La rose sans épine a bêtement fané.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.