Cyril met son bonnet, tiré jusqu’au menton,
Pour ne pas qu’on le voit… Mais au fond le voit-on
Quand il rentre chez lui, passe devant sa mère
Noyée dans le néant d’un écran de poussière ?
C’est un super-pouvoir ! Quelle triste cachette
Chaque fois qu’il recouvre entièrement sa tête,
Le voilà disparu comme un rien que l’on gomme…
Paraît-il que certains ont cru voir un fantôme.
Parfois d’autres enfants croisent dans les couloirs,
Celui dont le reflet déserte les miroirs
Comme s’il était là , au milieu de la piste,
Seul… À se demander si, vraiment, il existe.
Car telle est la question : invisible ou caché ?
La chute le dira - Patientez, s’il vous plaît -
Quand il lève la main, la maîtresse s’agace :
Qui donc ose porter son couvre-chef en classe ?
Sur le terrain de foot, entrant dans la surface,
Parfaitement placé pour recevoir la passe,
Il crie à qui l’entend : « Je suis là ! » - de passage -
Mais la voix s’affaiblit dessous son camouflage.
Sur le toit d’un immeuble, onze ou douzième étage,
Cyril regarde en bas comme on tourne une page;
Avançant près du bord pour prendre son envol…
N’a-t-on trouvé, plus tard, qu’un bonnet sur le sol.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.