Je n’ose l’affirmer par peur de la trahir;
Pourquoi parler des fleurs quand on peut les sentir ?
A revers de la plume, un secret bien gardé :
Poètes, écrivons-nous pour ne pas exister ?
Toujours à la recherche, en quête d’une rime
Attendant que l’on dise : « Ô mon Dieu, c’est sublime ! »
Presque autant que le monde… (Ou est-ce le contraire ?)
Poètes, sommes-nous trop tendres pour nous taire ?
Frileux comme des lâches à qui l’on a fait croire
Que l’amour est - bien sûr ! - le héros de l’histoire…
Si parfois la bêtise embrasse le succès,
Poètes, avons-nous tort de ne pas l’accepter ?
Au cœur de la nuance entre le faux, le vrai…
La pluie tombe et pourtant qui voudrait se mouiller ?
Moment de flottement : jeter l’encre ou sortir…
Poètes, savons-nous vivre sans nous couvrir ?
De ce bout de papier, naît une autre blessure
Causée par le doigté de la belle écriture;
Que la douleur de l’autre enfante la beauté !
Poètes, pouvons-nous refermer cette plaie ?
Si loin du compte… Aveugles ! Où des mots inutiles
Coulent dans le regard de ces êtres fragiles
Sans avoir mis les pieds du côté de la vie;
Poètes, oublions-nous ce qu’est la poésie ?
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.