Oh pitié, sauve-moi d’un seul geste enfantin !
Le monde devient fou depuis que je le sais…
Aurais-je ouvert les yeux ? Une pluie de chagrin
Inonde mon regard avec lucidité.
Que de sang sur les mains… que je n’ai point versé.
L’adulte est méprisable et j’en suis le témoin;
Aurais-je un bout de lui au fond de mes pensées
Quand je pleure le temps oĂą je ne pensais rien ?
Sans doute émerveillé par les premières fois…
Je contemplais la neige échouée à mes pieds;
Aurais-je, en grandissant, appris la peur du froid ?
Au point - m’en voudras-tu ? - d’avoir le cœur glacé…
Ô si belle innocence, où es-tu donc passée ?
A force de comprendre au lieu de découvrir…
Aurais-je tout vécu ? Mon Dieu quel effronté !
Pourquoi diable - dis-moi ! - faudrait-il s’endurcir ?
Alors de cette plume, en guise de traité,
Je jette enfin les mots provenant d’un autre âge;
Aurai-je, entre mes doigts, assez d’habileté
Pour rester un enfant lorsque tournent les pages ?
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.