Plume de platine Inscrit le: 19/6/2016 De: |
S P L E E N Spleen !
Ruraux déracinés, enfants abandonnés Tant de vieillards, d’infirmes et d’aliénés La lie, le rebut, le peuple des indigents Misère et pauvreté, par manque d’argent
Que me veux-tu bourgeois ? Le sort s’est acharné Depuis que je suis né, ce corps tant décharné Que les tiques et puces n’ont rien à manger Pourquoi notable, viens-tu me déranger ?
Laisse-moi crever ici ! Errer dans les rues Sans-le-sou, ta pitié serait incongrue Fait demi-tour, toi qui as le ventre gras
Pour amis, la Mort, son cortège funèbre Je préfère aller vers le monde des ténèbres Bouffer par les rats ! Car eux, ne sont pas ingrats
Dans les vapeurs d'alcool, j'écris un assonnoir Sur le coin du zinc d'un vieil estaminet Entre deux verres d'absinthe et les maux noirs J'ai pris cet endroit malfamé pour cabinet
J'erre des heures dans cette étrange gargote Je m'adonne souvent à des jeux de tripot Ce climat malsain et glauque, me ravigote J'aime le décor encanaillé des bistrots
Sur le papier des mots ivres, éméchés Qui titubent, trébuchent, la gorge asséchée Par manque d'encre, devenus de vrais pochards
Cet assommoir, la descente vers les enfers Je vais rejoindre mon bel ami Lucifer OĂą je vais terminer ma vie, comme clochard
Poète toujours soûl, je suis las, à court d'encre Dans un bar malfamé du port, j'ai jeté l'ancre La dive bouteille ne veut pas se vider Se remplit chaque fois d'alcool, mais pas d'idées
Je bois à m'enivrer de rimes frelatées Des maux aux mots, le goût aux vers inexploité Mais pour un verre, vers de verts contenants J'ai le vertige ! Je ne suis pas abstinent
Je rêve de mer, j'ai des langueurs océanes Prendre le large, avec la belle Morgane Hélas ! Mon corps est devenu triste, une épave J'ai reçu la houle alcoolique dans l'étrave
Moi je dis, l'auteur ! Ce n'est qu'un écrit, pas grave Il me suffit qu'un vers pour couper les entraves L'esprit est serein pour composer un poème Le Poète a toujours en lui l'âme bohème
Vas-tu venir vers moi qui meurs de désespoir Je te veux pour maîtresse, merveilleuse gloire Ô miroir ! Tu ne vois qu'un poète esseulé Perdu le jour dans son délire alcoolisé
Dive bouteille, ma compagne d’infortune Ma mie ! Comment pourrais-je te porter rancune Toi qui réconforte ma triste âme en jachère Que de talent gâché, ma vie ne vaut pas cher
Le sort s’acharne, suis-je un Poète maudit ? Apollon ! Je t’implore ! Donne-moi crédit Que les doux lustres d’antan éclairent ma flamme Et je porterai dans mes vers, ton oriflamme
Faut-il s'égarer dans les brumes de l'alcool Dans les vertiges éthérés d'un rhum agricole Pour connaître le doux chant, de la poésie L'âme de Bacchus, dans mes veines d'amnésie
Faut-il cette ivresse, ce plaisir imbibé Des senteurs d'eau-de-vie, des boissons prohibées Pour écrire des mots, titubant dans les vers D'un verre de rimes et d'aimer leurs travers
Je suis soûl, ivre, je divague, navigue Sur un océan d'effluves, sur des vagues Assombries de vapeurs, de parfums anisés L'esprit se perdant dans les limbes alcoolisés
Un spleen mélancolie, au parfum aigre doux Langueur atone d’ennui d’une nuit trop noire Des souvenirs cafards, souvenances d’un soûl Quand l’alcool défraîchi nous joue des tours du soir
Sombres pensées de désespoir, un crépuscule D’humeur à jeter au feu, l’amour trahison Enfermé dans la bouteille, là où tout bascule A réveiller la gueule, d’un matin prison
La tête dans le cul, à frapper les murs De nos larmes de sang, à vider tout son vin Sur son corps épave, à vomir la saumure Frelatée du tord-boyaux que l’on croit divin !
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