Je marche mains gantées avalant cette pente
Sans souquer plus que ça.
Tout au long du chemin au tracé qui serpente
Je vois, loin devant moi, qu’un autre homme l’arpente
D’un vrai pas de forçat.
Je me dis : « laisse aller ! Ce marcheur a la forme
Et aime le galop ! »
Ce n’est point un cheval qui brave la réforme
Non c’est bien le facteur persistant et conforme
Dont je vois le calot.
Avoir un très bon œil permet la clairvoyance
Et surtout la survie.
Etre sûr de sa foi sans tomber en croyance
Donne à l’être lucide un ton de bienveillance
Car de règle suivie.
Ainsi donc je vais fier de monter la colline
A mon pas de flâneur.
Comme on va frémissant mais sans adrénaline
Je me dis de garder cette allure maline
Tel un vrai butineur.
Volant de branche en branche une vieille palombe
Se cherche quelques glands.
On m’a dit fort souvent : « ne prends pas la colombe
Pour cet oiseau sauvage aimé parce qu’il tombe
Parfois en vols cinglants. »
Qu’il est doux de traîner et de prendre conscience
Du Monde Naturel !
Or les jeunes pressés, démunis de patience,
Vont sur ces beaux sentiers en fâcheuse cadence,
Vivant de virtuel.