Le temps passe...le souvenir reste...
Te souviens-tu l’Ami des longs jours de l’été
Où nous allions, tous deux, sans nulle anxiété
Sentir sur les chemins quelque douce fragrance
Qui plaît tant aux gamins au sortir de l’enfance.
Nous portions nos quinze ans, affichant du toupet,
Mais gardant pour les gens légitme respect.
Parfois nous amenions avec nous le vieux braque
Sans la moindre intention de conduire une traque.
Il allait et venait, devant nous, d’un vrai trot
Ayant quitté plus tôt le patron du bistrot.
Cet homme brave et fort savait donner sans frime,
Outre le prêt du chien, un doux rictus en prime.
Groupés en peloton quelquefois par besoin
Nous allions, chien et nous, fureter quelque coin.
Par chance nous levions l’attentive bécasse
Et le chien nous trouvait le port plutôt cocasse.
Sans arme et sans désir de tirer sur l’oiseau
Nos pas nous portaient lors vers le calme ruisseau.
Et là l’enchantement : le ruisseau dit à truite
Nous montrait ce poisson frétillant dans sa fuite.
Marcher sans but précis était notre entregent,
Respectant la Nature en port intelligent.
Le soir, après souper, au sein de la famille
Nous disions les détails sans connaître bisbille.
Aujourd’hui, loin de moi, tu fais un beau métier :
Tu opères des gens, qu’ils soient pauvre ou rentier ;
Et tu n’as plus le temps de fouiller en ta tête
C’est pourquoi je t’écris ce refrain qui m’entête.
Reviens donc cet été pour revoir les terriens
Ayant fait, en ces lieux, des tas de petits riens.