Tranchées

Hiver, affronter le froid et la boue
Les privations, la nourriture infecte
La Mort qui frappe au hasard
Quand l'assaut est donné
L'éclat d'obus qui défigure
La mine qui éclate près de vous
Et qui vous ensevelit vivant
Les blessures, les amputations
La saleté et ses sacrés poux
La promiscuité avec les rats
Et les cadavres en putréfaction
L'odeur constante des excréments
La peur qui vous noue le ventre
Le tonnerre incessant des canons !

Les combats au couteau, à la pelle
Corps à corps avec l'ennemi d'en face
Sueur contre sueur, peur contre peur
Il faut tuer, tuer, tuer ou être à son tour tué
Planter le gars qui vous regarde avec terreur
Il sait ! Il ressent la lame affûtée qui le pénètre
Entre les côtes pour atteindre l'organe vital
Il retient de ses mains, son ventre ouvert
L'effroi de voir ses tripes sortir hors de lui
Il tombe sur le sol et se met à pleurer
Lui qui n'a que vingt ans et il va mourir
Maman ! Maman ! Où es-tu ? Je suis là !
Il crie de douleur, du sang sort de sa bouche
Un dernier regard vers le ciel et tout est fini !

Et la nuit sans sommeil
Déverse son déluge de feu
Sur les hommes et le pays
La guerre est une horreur !