Sous les amas de fleurs, les morts
Ne distinguent pas les vivants
Qui pour étouffer leurs remords
Viennent les voir un jour par an
Condamnés à soliloquer
Et couchés à six pieds sous terre
Ils devraient d'ailleurs se moquer
Eperdument de nos misères
Mais voilà , nous sommes la graine
Qu'ils ont semée, jeunes et beaux
Pour que les anneaux de la chaîne
Passent par-dessus les tombeaux
Et c'est pour cela qu'il nous aiment
Guidant, discrets, de leurs cercueils
Nos pas mal assurés, de même
Qu'un navire entre les écueils
Plus d'une fois je viens m'asseoir
Dans leur grand jardin silencieux
A l'heure où la douceur du soir
Semble unir la terre et les cieux
Alors parmi les fers rouillés
Des croix et les tertres déserts
Je peux humble et agenouillée
Mettre mon âme à découvert
Je sais trop ce qu'ils me disent
Mais je me sens aussi prés d'eux
Que le chrétien dans son église
Peut se sentir proche de Dieu
Et quand je sors du cimetière
Le coeur gros mais l'esprit serein
J'entends s'élever la prière
De l'immense foule des saints
Colombe
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Si la poésie est un art, le partage est l'art suprême !
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