Plume d'argent Inscrit le: 2/10/2007 De: dans un coin de ta poitrine (Lille) |
Complainte pour une usine Sur les quais de mon usine, Plein de bons gars travaillent: Des vieux qui ruminent Et des jeunes qui raillent. Y a des hommes qui se ruinent, Des camions qui passent, Des chariots qui dépassent Et des dos qui se cassent. Ils s'usent à la tâche, Ces braves ouvriers; Ils aiment leur métier Même si le marché les malmène. Ils aiment ce qu'ils font, Ils aiment ce qu'ils sont, De vrais amis, De simples frères, Une même famille, Une vie en vers.
Sur les quais de mon usine, Tous les visages sont fiers, Fiers de faire Tourner les affaires; Durs comme du fer, En cotoyant l'enfer, L'enfer du travail, Du travail trop précaire! Ils se tiennent très droits Quand ils tiennent un emploi, Et du noir ils broient Quand le chômage les noit. Transpirant le travail, Aspirant la fin du mois, A présent les vieux raillent Et les jeunes s'apitoient.
Sur les quais de mon usine, Maintenant c'est le néant, Plus d'ouvrier ni de machine Ne travaillent à présent. Plus de salaires et d'honneur Parce que plus de labeur, Plus d'envie, plus d'ardeur, Peu à peu, L'ouvrier se meurt. La rage remplace sa faim Et le vin étanche sa soif, Le pays perd ses travailleurs Et c'est toute une nation qui pleure.
Fixant leurs pieds, Les yeux baissés, Pleurant sous leur toit, Ils restent le coeur blessé, Leur vie est glacée Par ce poison qui se boit; Une existence cassée Par une usine qui s'en va. Les rêves brisés, N'ayant plus de choix, Les jeunes sont stressés Et les vieux meurent sans joie.
Organik
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