Plume d'or Inscrit le: 5/3/2008 De: Tunisie |
Poème cosmogonique, réecriture du mythe de la création La création du poète
L’univers languissait comme un bras fatigué Dans le vertige du grand chaos relégué ; L’eau se mêlait au feu, le feu à la foudre, Dans cette urne mystique où Dieu faisait dissoudre Les éclairs rouges de la tremblante création. L’ombre était vague comme une pâle apparition ; Dans les profondeurs du vide, cent fois millénaire, L’âme essoufflée cherchait en vain la matière, La mer ses rivages et l’étoile son firmament, Dans le combat premier des farouches éléments.
Dieu rêvait, seul, dans les ténèbres profondes, Et voyait s’agiter la poussière des mondes Comme un vampire sous le linceul du néant. Soudain, vers l’infini Dieu leva son doigt géant ; Il dit : « Terre, sors du chaos ! », sans murmure, La terre obéit. Il dit ensuite : « Mer pure, Sors ! » Et la mer sortit quand parla le Seigneur. Alors il dit au ciel : « Soit ! » Une douce vapeur De l’antique chaos monta comme une âme Et devint le ciel. Dieu prit une flamme Et il l’accrocha à ce ténébreux flambeau, Comme à la robe d’une dame on accroche un joyau ; Elle devint le soleil. Pensif, le Saint Père, Plongea sa main dans les entrailles de la terre ; Et en sortit de la fange, il y souffla Et en fit l’homme et la bête. Yahvé leur parla Et leur dit : « de la terre vous serez les ombres, Marchez, courez, rampez dans les forêts sombres Et dans les villes maudites, qui seront vos tombeaux ». Puis le Seigneur, laissant paître et boire ce troupeau, Plongea sa main dans son cœur plein de lumière ; Un rayon en sortit, doux comme une prière, Dieu y souffla et en fit un être radieux ; Il lui dit : « Du ciel tu seras le chantre heureux ; Tu es ma chair, et les hommes sont ma pensée. Ta lyre endormira la colère insensée Du monde, que guidera le son pur de ta voix ; Va ! Tu es ma lumière, ma sagesse et ma loi, Et de mon Verbe tu es le radieux prophète » Et c’est ainsi que Dieu créa le poète.
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