Certains le considérent
comme le purgatoire de cette terre
d'autres le qualifient
d'avant-goût de l'enfer.
Moi, je dirais
que dans ce royaume de silence
je me sentais en symbiose
avec la nature et ses créatures
et sur cette terre étrange
qu'étreigne le ciel immense
il me semblait entendre mieux
la voix de Dieu.
Beaucoup m'ont prévenu
et terrifiés, m'ont défendu
d'aller errer là-bas
au confins du Sahara

Sur un paysage lunaire
d'un silence légendaire
je me sentais minuscule
avec mon chapeau ridicule
chauffé par la canicule
je traversais les instables monticules
telles des vagues fainéantes
mues par une brise nonchalante
cheminant au ralenti
mais en parfaite harmonie
comme un ennemi astucieux
d'étendre son règne, soucieux.
Parfois, la brise s'impatiente
et des poussières tourbillonnantes
s'agitent enragées
tentant de déloger
les êtres inconnus
et les intrus non bienvenus
au Sahara

Une nature labile
et des paysages stériles
Tantôt c'est des vallées arides
sans trace de vie
même insouciante ou intrépide,
tantôt des plaines caillouteuses
à l'origine douteuse
soit d'une montagne effondrée
soit d'un fracas cosmique
que le choc a désintégré.
Parfois ces deux natures se mêlent
créant des poignantes merveilles.
Le tout sous un soleil
un poinçon en colère
contre l'indifférence de cet univers
témoignant de son pouvoir
sur ce rare territoire
craignant d'être détrôné un jour
au hasard d'un détour
à l'ouest du Sahara

Parfois au loin
souvent les yeux en sont témoins
lors de forte chaleur
le désert leur tend un leurre
un oasis de palmiers
abondant d'eau et de dattiers
invitant l'assoiffé voyageur
à une inégalée fraîcheur.
Un conseil d'un sage
si la distance ne raccourcis pas
et qu'il semble long ton voyage
ça peut être un mirage.
Oser errer sans guide
c'est être prêt au suicide.
Pour être accepté en ce lieu
tu devras être un homme bleu
chevauchant son dromadaire
connaissant chaque pierre
et arbuste sur ces terres
se repérant par les astres
et par l'instinct des ancêtres
guerrier respecté
et habitant incontesté
du Sahara


Et quand s'achève le jour
et que le soleil finit son parcours
plongeant déçu vers l'horizon
en un coucher flamboyant
de rouge, d'ocre et de pourpre colorant
les limites du firmament.
Comme si un peintre saisi
d'extase et de frénésie
ne put contenir sa main
de déborder sur les recoins.
Sous l'immensité vertigineuse
de cette toile géante et sublime
j'aurais tant voulu trouver les rimes
qui exprimeraient vraiment
les sentiments intimes
de ce moment.
Devant ce bal de couleurs et de lumière
je ne pouvais clore mes paupières
c'était inévitable
j'étais sous le charme
du Sahara


Enfin tombe la nuit
et quand le firmament m'éblouit
que devant mon visage s'étale
le tapis illuminés des étoiles
qu'il me semble presque possible
de tenter l'impossible
en traçant les constellations
du bout d'un crayon les relier
ou en capturant une étoile filante
sans la laisser filer
prudence sur le sable
les imprévus sont innombrables
ce sont les aléas du désert
les scorpions et les vipères
sont les habitants de cette terre
qu'on nomme...
le Sahara