L’ombre de sa silhouette difforme
arrachait des éclats moqueurs
Son ventre graisseux et énorme
inspirait dégoût et rancœur
Ses souffles coupés court
à la moindre montée
à l’infime élan
Ses déhanchements ridicules
Ses laids bourrelets
Son corps suintant
Il faisait pitié au gens
Se vêtir était une épreuve
Se chausser était un combat
Courir c’était une souffrance
Et pire pour les ébats
Il faisait horreur aux femmes
le fuyant comme la peste
Se résignant à la solitude
Il abandonna ses conquêtes
Son appétit féroce
Son instinct gargantuesque
Tel un ogre il ne peut s’empêcher
de tout avaler ou presque
La mode lui était inconnue
Il renonça aux régimes
Ses proches le jugeaient coupable
D’autres, une victime
Ses larges épaules bousculaient
la foule dans les rues
Les play-boys s’étranglaient
en le voyant dévêtu.

Pourtant...
ailleurs ou devant sa glace
Il gardait toujours un sourire tenace
il forgeait sa confiance
en inspectant son reflet
dansant sous la cadence
d’une musique fredonnée
et son corps qui vibrait
de ses rires d’innocence.
Il se moquait de tout
et de son physique à l’évidence
Il distribuait le bonheur
et remontait le moral
de ses paroles amicales
Sa compagnie était convoitée
Son visage était jovial
Ses étreintes étaient sincères
quant il faisait le père noël
Ses maux divers
de dos ou vasculaires
n’ont réussi qu’à lui faire
convaincre que sur cette terre
Inutile de se noyer
dans la déprime et la honte
et se soucier de l’entourage
Si on peinait à atteindre
le haut d’une pente
disait-il,
Autant s’arrêter
et admirer le paysage.

dédié à un ami.