FIN PROGRAMMEE


Un jour ne pouvant plus
M’assumer, vivre seul
Je suis rentré, j’ai dû
En maison de retraite,
Attendre le linceul.
Très longues sont les heures
Et si souvent je pleure
En pensant que peut être
J’aurai peut être dû
Rester encore un peu
Dans mon chez moi cossu
Où j’étais si heureux.
Mais je ne peux hélas
Faire les courses, la cuisine
Et puis lorsque je marche
Je me casse « la bobine ».
Alors je suis ici
Entouré de vieillards
Tous très rabougris
Aux regards si hagards.
Certains à demi fous
Déambulent partout,
Parfois déshabillés
Disant des mots grossiers.
D’autres semblent sereins
Mais ils n’attendent rien.
Certains ne marchent pas
Ils restent comme ça,
Dans un fauteuil, assis
Le reste de leur vie.
Je croise des regards
Qui ne vont plus nulle part.
Plus personne ne parle
Je ma sens animal,
Car ma vie se réduit
A une physiologie,
Je dors, je mange, je bois
Et j’attends aux abois
Que vienne ma délivrance,
Mon unique espérance.
Je ne crois plus en Dieu
Depuis que tous ces vieux
Sont là, autour de moi,
Car lorsque je les vois
Je me dis qu’aucun Dieu
Ne peut être si odieux
Pour imposer une fin
Si honteuse aux humains.
Que ne me suis-je tué
Lorsque j’étais heureux,
C’est au comble du bonheur
Qu’il faut choisir son heure,
J’ai plus cette volonté
Et partirai « gateux »
Peut être incontinent,
J’espère pas très conscient.

05/08/2008
Bd Duquesne

un texte touchant, je travaille dans une maison de retraite en tant que aide médico psychologique , je fais des animations , des soins du corps de l'écoute, et je vais plus voir ceux qui ne bougent pas beaucoup et je suis heureuse lorsque une personne agée qui ne veut jamais descendre avec les autres le fait même si elle reste peu de temps, j'aime travailler auprès d'eux écouter leur histoire, ils ont beaucoup à nous apprendre et on a beaucoup à leur donner

TEXTE TOUCHANT DE TOUT LE MONDE .Dans mon parcours professionnel il a fallu que j'aille dépanner en maison de retraite et bien sûr n'y étant pas trop préparer j'ai eu un choc en entrant dans ce lieu où la vie s'éfface peu à peu pour ne finir que dans un fauteuil ou dans un lit .Une misére intellectuelle s'installe dans ce lieu de vie .

Superbe...et cinglant...
Hemingway avait choisi une autre voie...
Meilleure ou pire ? Qui sait ? Lui, sûrement, juste avant d'appuyer...

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"Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas"

J. Prévert.
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Textes protégés par C...

merci à Roky, Evy51lou, et Oxymoron pour vos messages touchants, sur ce sujet difficile de l'extrème vieillessse
amitié à tous les 3

un texte plein de réalisme sur ce qu'est la vie de nos anciens une fois qu'ils ne peuvent plus rester chez eux et doivent aller en maison de retraite.

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La Musique est une révélation supérieure à toute sagesse ou philosophie (Ludwig Van Beethoven)

Oui la déchéance:un sujet qui fait parler beaucoup de soignants considérant leur travail plus comme une mission qu'un boulot!!
Hélàs,ces MDR ne sont pas toujours des lieux de vie bien attrayants,mais on ne peux pas non plus cacher nos petits "vieux",qu'ils vieillissent bien ou mal!!
L'essentiel est de faire en sorte qu'ilsgarden leur dignité jusqu'à la fin et qu'ils se sentent vivre encore!!

Bien sûr,quand on a le choix,mieux vaut programmer "sa fin" en étant sûr de ne pas se tromper!!

Merci un écrit qui m'a beaucoup touché tant il touche à la réalité!!

Un écrit qui ne peut laisser indifférent et il est vrai que si c'était possible le maintient à domicile serait souvent la meilleure solution pour les personnes âgées, car souvent se retrouver couper de leur milieu entraîne chez eux une grande détresse comme nous le prouve cet écrit. Maintenant choisir de partir quand on est heureux qui y pense vraiment ?