La victoire en chantant
Ils avancent en refrain portés par l'âge aveugle.
Ils défilent en canon, rient, chantent, scandent, sifflent et meuglent L'automne sous leurs pas déroulent les tapis d'or
Têtes nues et fronts haut, ils marchent d'un même corps.
Auréolés des blés, des lumières réglisses,
Les yeux bruns, les yeux bleus éclairés de malices,
S'égayent comme des moineaux dans un relais joyeux.
Le monde s'offre à leurs pieds comme un terrain de jeu.
Liés d'une amitié sans pactes ni serments,
Liés de bouts d'ficelle, de cabanes et de camps,
Gars et filles d'un même rire plus frères que le sang
Connivence sans mot, six couplets d'un même chant.
Ils vivent les défis, tue tête et bouches cousues,
Partagent les aventures, tope là et mains tendues,
Ils embrasent des feux qui tutoient les étoiles
Ils avancent confiant au monde qui se dévoile.
Coude à coude, mot à mot, la vie bout et les presse,
Se dessinent lentement en force et en sagesse,
S'esquisse la beauté fine nourrie d'adolescence.
On devine à les voir le seuil de l'enfance.
Ils avancent en canon. Ils avancent en refrain,
Ramassent des brassés de feuillages carmins.
Ils composent des bouquets de braises et de délices
Construisant les souvenirs de dimanches complices.
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“C'est à partir de toi que j'ai dit oui au monde - Paul Eluard”