MA MUSE... (Ă tous les Oasiens)
Ma cavalcade solitaire dura des lunes
Dans le désert de l’ennui et de l’infortune.
Mes chimères me suivaient une à une,
Telle une caravane, déçues et taciturnes.
Sur mon dos, pesaient deux amphores
L’une presque vide, l’autre jusqu’aux bords
D’une lave visqueuse gelant mes efforts
De quĂŞter le salut, brisant mon essor.
Le rude soleil sur son piédestal me toise
D’un œil absent, son indifférence m’écrase.
Le sarcasme des dunes déchirait l’espace
Fauchant mes principes d’une griffe rapace.
Une ombre soudaine voila mon visage
Telle une illusion d’enfant ou un mirage,
Je vis, dans le ciel, un magnifique plumage
D’un bel oiseau, d’une douceur sauvage.
En aveugle désespéré, avide de lumière,
Sourd aux cris avertis de mes chimères,
Je suivis l’oiseau qui tailladait les airs
Vers l’inconnu, que j’espérais, salutaire.
Enfin, sur l’horizon sans fin, sans prélude,
Tranchant le néant intenable de décrépitude,
Émergea une oasis de rêve et de quiétude,
Peuplée d’êtres comblés ou noyés de solitude.
Sur la fontaine claire aux reflets chatoyants,
Milles oiseaux aux plumages flamboyants
Apaisaient les âmes de leurs chants pétillants
Ou renversant les amphores de coups frétillants.
Poses et verses tes amphores me dit une voix
Ou remplis les à ta guise, cela est ton choix !
Partages sans honte avec les autres tes Ă©mois
Ici personne n’est esclave, personne n’est roi !
Parles de ce qui te nuis, t’irrites ou te méduses !
Cries les marginaux qu’on ignore ou on accuse !
Et si tu ne cites pas l’amour, sûr, tu as tes excuses.
Vous ĂŞtes tous Ă©gaux ici mais Ă chacun sa muse.