Plume de satin Inscrit le: 12/11/2008 De: idf |
Les sarments du tiserand Les sarments du tisserand
Au grand jour, surmontées d’une vergue, elles me sont apparues, Sur un plateau, gonflées, servies, mi-vêtues, mi-nues, Mes odyssées, cabotant aux approches d’un corps humide, Comme une empreinte anticipant mes pas d’éphéméride.
Je devrais être un autre et ailleurs, propose-t-on. Ainsi mes esprits migrent-ils sans jamais se poser, Le temps d’une larve vêlant le viril hanneton, Qui, suante, fouit mollement la glaise soûle de rosée.
Affamé, son corps, au contact du grand air, Mi-nu, mi-vêtu, tout au plus éphémère, Et, son amertume latente divaguent vers d’autres terres, Nota bene primaires, Ipso facto secondaires, alinéas agraires.
Je ne veux être larve mais quand je suis hanneton, Une clepsydre entre les pattes, des destins à foison, Mes voyages, poussés par une âpre ubiquité, Demeurent dans une plaine que l’on veut quitter, Comme de mornes ocelles hantés d’épouvantails, Eventés et moulus ; la bise passive du blanc éventail.
Grugé, je regrette le frêle fouisseur flasque et mohair. Eparpillées, ratissées, amoncelées, mes feuilles, De septentrion aux plus orientales bruyères, Me jonchent d’ombres, de pas et d’écueils.
Un rivage sur le flanc, l’autre en saturnales, Avec des évents obstrués aux coulures fécales Accueille un bois flotté, pétrifié et encore coi, Jamais fiché, indolent dans son carquois.
Je suis Robinson, je suis Gulliver, Aussi seul que noué de toutes parts, Pareil au fondateur d’Illion, je me crains, hier Comme demain, scrutant au-dehors quelque ennemi épars.
J’ai découvert en moi, assiégé, un esprit trapu. A la première blessure, je me suis abattu, Sur un long siège astucieusement percé… peut-être. L’inamicale était en moi telle une paroi boueuse. A peine à bascule, de trait je voulais être Tant de mirages palpés pour notre amie noueuse.
Poliment, le mal est partout, m’a-t-on persuadé. Violemment, le mal est en eux, m’a-t-on susurré. Mollement, le mal est en vous, m’a-t-on marmonné. Patiemment, je tisse des nuits crochues et éveillées.
Le voyage a fait son œuvre ainsi que ses petits rots. J’oubliais qu’on n’est qu’un, à vouloir être trop.
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