Je vivais à quelques pas d'ici
T'en souvient-il mon cœur endormi ?
Dans cette maison aux murs gris
Cette fenêtre bleue qui donnait sur la vie.
Je courais dans le jardin d'enfance
Les poches toujours pleines de bonbons
Avec un appétit, oh ! quand j'y pense !
Et mille jeux pétillants de frissons.
Puis, je suis partie…
J'habitais à deux rues d'ici
T'en souvient-il mon cœur transi ?
Il cueillait pour toi des bouquets de tendresse
Promesses d'amour qui résonnent sans cesse.
Je courais dans la prairie d'adolescence
Les poches pleines, de carnets de poèmes
Les fleurs de la passion, oh ! quand j'y pense !
Le feu aux joues à l'heure des théorèmes.
Puis, je suis partie…
Nous vivions tout près d'ici
T'en souvient-il mon cœur meurtri ?
Impasse de la solitude
Où tant mes nuits tremblaient, d'incertitude !
Ils couraient, dans leur jardin d'enfance
Les poches toujours pleines de bonbons
Et leurs éclats de rires, oh ! quand j'y pense !
Dardaient mon ciel de mille et un rayons.
Puis, il est parti…
Partir, toujours partir, et tout à refaire
A 10 ans, 16 ans, toute ma vie entière
A repriser la toile de l'immense déchirure
A compter mes pas, au chemin de cassure.
Je suis née si loin d'ici, sur ma terre d'Afrique
"Alma Mater", je suis si nostalgique
Pourquoi fallait-il que le destin sournois s'applique
A faire de mon histoire une vaine supplique ?
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"J'entends ta voix dans tous les bruits du monde" (Paul ELUARD)