Comme un ver qui ondule
Sur l’horizon devenu fou,
Le sable avance ses tentacules,
Perpétuel mouvement jaloux
De celui qui cherche sa mère
A dévorer sans un remord,
Ogre insatiable omnivore
Eprouvant l’immobile terre,
Ce vaste maître est multiple,
Autant de dunes le composent
Qu’on ne rencontre de périples
En parcourant seul sa prose,
On ne peut pas ressortir digne
D’une traversée du désert
Quand pour avaler quelques lignes
Il faut devenir suicidaire,
Brave silence sans opinion
Tant occupé à ne rien faire
Lorsqu’une brise grabataire
Se répand par menus frissons
Sur ces montagnes patibulaires
Qui couvrent le sol étouffé
Tels mes pas de missionnaire
Oeuvrant pour la postérité,
Je marche et crache de la bouche
Ces vers serpentant dans l’air,
Asticots remués par ma louche,
Sifflements prêtés aux vipères
Que je dédis sinistrement
A tous les scorpions, mécréants
Méprisant le verbe sincère,
Arme spirituelle cavalière,
Saint Christophe ne me laisse pas,
Ô toi, patron des voyageurs,
Prisonnier des foudres d’Allah
Se désespère ton serviteur,
Pourquoi ne le mènes-tu point
Aux oasis de la culture,
Ces endroits riches par nature
Ecrits d’un geste de ta main?
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Yvan Racine Courtois
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