Comment parler de toi,
te célébrer, te sceller à jamais au firmament du coeur,
étoile intemporelle qui te voulais filante
et proche désormais comme une unique étoile?
Long corps vêtu de bleu,
tu viens de t'endormir,
fatigué de longs jours,
de braises contenues,
bouleversé d'espoirs,
bercé comme l'enfant enveloppé de paix
sur l'herbe humide
en bord d'aurore déposé.
De ton visage aux paupières closes,
les yeux du coeur ouverts au monde,
je retiens ton sourire,
je veille ton enfance toujours renouvelée.
Avec quels mots de feu , de sang, de flammes consumées,
parler de toi?
C'est au souffle léger d'une brise étrangère
que tu as pris envol.
Poète, voyant, prophète,
guetteur du jour nouveau,
toujours prêt à renaître,
âme échappée au sol qui a porté tes pas,
si légers,
sur la terre mouvante.
A peine y ont-ils laissée l'empreinte de ta joie,
l'appel d'une autre rive,
un droit sillon ouvert pour terre d'Ã -venir.
Quand tu t'es endormi,
paisible,
murmurant mille mots,
mille bénédictions,
jetant aux vents futurs,
confiant aux jours futurs,
fragiles germes de foi,
d'amour à tout-venant,
tu as offert en gerbe
la beauté terre promise
les semences à naître de la fraternité
et le feu des batailles pour plus d'humanité.
A présent tu sommeilles
d'un doux sommeil d'enfant.
Je sais...
Sur le sentier qui était tien
tu allais solidaire.
Mais aujourd'hui,
de la nuit où je suis,
je ne peux, je ne sais ni comment te rejoindre
ni où te retrouver,
ni où s'en est allé le sentier de cristal.
J'attends ton signe promis comme un soleil d'été.
Tu es parti et les étoiles au ciel
sont tombées comme en pluie sur mon propre chemin,
taches d'or éphémères, pépites délétères.
Cette nuit étoilée, lumière mensongère,
où erre mon chagrin,
je la traverserai sans ta main pour appui,
sans ta voix d'ici-bas,
sans ton regard posé doucement sur mon âme.
Comment dégager de la glaise
ton cher visage aimé,
qui au mien répondait ?
Je voudrais à nouveau y porter la caresse,
et d'une main légère effleurer ton beau front,
soulever en un souffle tes paupières fermées,
accueillir, et puiser en ton regard tendresse
pour le mêler au mien aux ailleurs de la vie,
au bout des horizons découvrant l'infini.
Il n'y a plus que ton âme,
et c'est encore trésor,
comme le jeune oiseau qui se risque à l'envol
pour une ultime joie.
Les heures et les jours
passés auprès de toi
étaient pure lumière.
Tu savais recréer
pour un instant sublime
tout visage blessé
d'une prière, d'un sourire,
d'un regard de bonté.
Tu ranimais mon âme, en dispersais les brumes.
Tu marchais droit vers l'absolu.
Tu es sentier, chemin, voyage
et musique accordée à celle de la vie,
à celle de mon âme.
Continue, ô si cher, à péleriner vers...
Je reste à la croisée du chemin partagé,
tentant de rassembler la poussière dorée que tu y as laissée
en traîne de lumière
pour en faire un bouquet
qui te sera mon signe.
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Jamais je n'irai
Aussi loin que me conduit
Le chemin d'amour
(haïku de Hyacinthe Vulliez-"la joie d'être"-Ed "les Amis de Crespiat")