Quand ta vie n’est plus qu’une toile désertée
Aux couleurs fades sur un fond morose,
Et cette lueur vive qui t’a tant habitée
Semble noyée dans les larmes des roses,

Quand ceux qui t’entourent ne se lassent jamais
De troubler ta lumière, Homme libre !
Et le destin de tes frères devenu désormais
Un combat vain contre d’horribles Hydres,

Alors, va vivre aux pieds de l’arc-en-ciel
Et baigne âme et corps dans l’eau limpide
D’une fontaine aux reflets pourpre et vermeils,
Là où le crépuscule des dieux se vide !

Berce ton cœur fatigué de chants célestes
Sous la caresse douce des ailes frêles de fées
Qui, des douleurs profondes, te délestent
Pour te céder, purifié, aux bras de Morphée !

Dans le bonheur alors, entame ton voyage
Sur l’océan rose, avec la passion d’Ulysse ;
Ne crains plus, dans ce lieu, sirènes et mirages !
Ce sont, ainsi que les vents, de fidèles complices.

Accoste au gré de ton insouciance et savoure
La beauté sublime des contrées exotiques !
Chante et danse sous les vers d’un troubadour
Et ris comme un enfant joyeux et extatique !

Etreins les arbres avec amour et sur l’herbe
Salue les espiègles lutins qui cueillent les fleurs !
A pleines mains, saisis-toi d’une magnifique gerbe
Et peints une aurore sur le front de la peur !

Tu verras que les troncs courbés devant toi s’érigent
Et que les fleurs fanées, sous ton sillage, s’animent ;
Tu verras le soleil chassant tes maudites Stryges
Et ton âme rêveuse éclairer ses propres abimes.