Plume d'or Inscrit le: 9/5/2007 De: ALGERIE |
LE PRISONNIER DU CHATEAU Terré, dans sa forte demeure, il observait L’horizon lointain d’où, doucement, dévale Froideur sauvage et des rêves dépravés Puis, sa fidèle compagne étale ses étoiles Dans ces moments de silence, il survivait Serrant amoureusement sa pierre tombale Et dans la sordide bâtisse qui l’enclavait Il s'enivrait à la lie par son destin fatal Il attendait cette nuit mais à son arrivée Souhaitait le jour et sa lumière brutale Mais ses regrets sous le soleil vite ravivés, Il languît la lune sur son noir piédestal
À chaque aube naissante, le sourire sobre, Par une fenêtre et pour un instant détaché, D’une main saluait les badauds et de l'autre Serrant son épée, fin prêt à les embrocher Il aimait son château, son protecteur contre Les dangers, telle une perle de son huître entichée Aucun féroce dragon pourtant ne se vautre Avec lui ni un méchant ogre ne l’empêchait De briser les murs de ses angoisses sombres Et de fuir cette solitude à son sort accrochée Ne serait-ce que cette chaîne issue des méandres Des profondes oubliettes qui l’attachait
Son fier édifice, sa prison, son bouclier, Qu’il bâtit seul, pierre par pierre, La haine en ciment et ses blocs taillés Par la peur muette des instants amers Pas un passant admiratif ne daignait Croiser son regard et ne s’attardait guère A fouler son sol même s’il les conviait A partager son choix d’exil volontaire Jour après jour, le croyant oublié, Son désir de vivre devenait délétère Ne se suffisant plus de juste saluer Etreindre et Aimer, semblaient nécessaires
Ses prières crachées des tours acérées Ricochaient sans cesse sur le firmament, Quand un jour devant son mur apparaît Un étrange vieillard, la longue barbe au vent Il sentit à sa vue qu’un miracle se préparait Et l’espoir en lui se mêla aux tourments Cet étranger aux yeux tendres d’où un rai Luit et fit soudain fondre le roc et le ciment La peur au ventre, son cerveau délirait Est-ce un ange sauveur ou un vil démon Et pourquoi cette peur d’être enfin libéré De son château et son long emprisonnement ?
L’épée au poing, le souffle saccadé Il vit le vieillard avancer de pas sûrs S’approchant de lui, le visage ridé Soutenir son regard devint soudain dur Il le vit prendre la chaîne et sans demander Tira et tira indifférent à ses injures Jusqu’à l’irruption de ce que gardait, À la lumière claire, les oubliettes obscures Les yeux écarquillés, il n’en avait pas idée Que ce poids invisible, source des déchirures, Etait un enfant apeuré, sali et poignardé L’enfant qu’il était, à sa première blessure…
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