Je parlerai aux nuages pour retrouver ton nom,
Sur le front de mes nuits qui chuteraient dans l'abîme;
Car, une goutte de ton sang a enivré mes narines,
Toi, la gardienne du temple qui chassait mes démons.
Dans mes retraites savantes, où se grisaient mes alcoves,
Je ne voyais jamais passer le temps; ni le matin, ni le soir,
Tout occupé que j'étais à embrasser dse robes,
A vénérer de la dentelle et des bas de soie.
Illuminé par ce mélange de couleurs,
D'odorants souvenirs réveillaient, en moi, des aventures,
De caresses langoureuses, de baisers en fleurs,
De promenades irréelles au clair de lune!
Entouré de miroirs, de jets d'eau, de parfums,
Dans un lit d'acajou, reposant et moelleux,
Je voyais danser des anges blonds ou bruns,
Dont leur beauté faisait de moi, un Dieu!
Dans ce tourbillon onirique, où mes amours sont morts...
Il en est une bien plus belle que l'azur;
C'est toi, la gardienne, égérie de mes remords...
Qui, tel, un fantôme, revient tourmenter mes blessures.
Ton nom m'est revenu; c'est toi qui pardonna mes infidélités,
Mais la délivrance ne vint qu'en cette été qui s'achève,
Et tandis que les dernières braises plongèrent dans leur éternité,
Mon coeur s'allégea comme l'envol d'une mongolfière!
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Je crois qu'il n'y ait eu guère d'auteurs qui aient été contents de leur siècle. Vauvenargues.