Ce soir s'abat sur elle une volée de coups!
Des mains jadis aimées lui enserrent le cou!
Des mains longtemps chéries qui, au jardin d'extase
L'emmenèrent, aidées de merveilleuses phrases
Composées de doux mots emmitouflant son coeur
Et n'étant, désormais, plus qu'emplies de rancoeur;
Comment donc un ciel clair, sans le moindre nuage,
Peut-il se transformer en un violent orage?
Comment, vous demandé-je, une pluie de bonheur
Peut-elle se changer en grêlons ravageurs?
Se peut-il qu'un volcan ensommeillé d'amour
S'éveille fort haineux, par un désolé jour?
Se peut-il, mes amis, qu'une mer apaisée,
Par un quelconque hasard, par des courants biaisés,
Se change en océan dont la sombre furie
Transformerait château en crasseuse écurie?
A ces quelques questions je n'ai point de réponses
Mais à leur simple écho mon visage se fronce!
Mes yeux, auxquels beauté du monde est seul cadeau,
Laissent, entre leurs cils, une rivière d'eau
S'écouler lentement telle un vieux sablier
Doucement se vidant et peut-être oublié;
Mon coeur qui se veut tendre et empreint de douceur,
Tremble comme un bouleau, comme un frêle haleur,
Balayés par des vents qui, tous deux, les recourbent
Jusqu'Ã les envoyer presque toucher la tourbe;
Mais comment, de nos jours, de si tristes bourreaux
Ne sont-ils enfermés derrière des barreaux?
Comment la société les peut-elle subir
Sans leurs âmes noircies intensément punir?
Quoi qu'il en soit, alliés à la plume acérée,
J'en appelle à vous tous pour les faire cesser,
Ces sous-hommes piteux, de battre leurs compagnes;
Que plus aucune ville et nulle ample campagne
N'aient, un jour sur leur sol, Ã supporter les pas
D'une femme fuyant les griffes du trépas!
Jean-Paul.
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Vivre ses rêves