Passer mon coeur Ă l'encaustique.
Passer mon cœur à l’encaustique.
Un bateau de glycines comme amarré au port, et les renoncules qui font la révérence ; la lampe tempête, phare des absences.
L’été, elle m’accueille comme une luciole apprivoisée. En hiver, l’écho des fumeroles ajoute un parfum à mes retours.
Pierre angulaire d’une vie tourmentée, la maison devient campement de mes rêves ; nomade, je me sais blottie en ses murs. Nichée en pré carré ovoïde, j’y apprends à voler.
Passer mon cœur à l’encaustique ; les piles de draps de lins aux broderies d’ancêtres asservies et patientes m’apprennent le fil du temps. Grains de lavande, perles lilas des jours heureux.
Ce silence aux veloutés d’orfraie ; la nuit chuchote et crisse, parfois l’Autan crie comme femme en gésine, et les sapins semblent fantômes au garde-à -vous.
La source, abreuvoir des miracles, légère en ses tons de cresson et d’abeilles. Ecouter sa fraîcheur.
Cristal en fusion du ruisseau, flambée de sarments aux éclats de vendanges, terre lourde en sillons d’avenir, immensité de l’estive ensoleillée : quatre éléments me constituent liberté.
Carreaux gauchis et fenêtres aux bois gourds ; j’aime ces aspérités qui dérangent l’ignare et le moderne. Ne faire qu’un avec la trace, je deviens réceptacle, bénitier des mémoires.
L’horloge : granit de sa sérénité, force tranquille du balancier contre nos dispersions informatiques.
Cieux immenses de nos étés toujours renouvelés ; partir à la pêche aux étoiles. Mon âme bat la chamade à la lune orangée.
Pailler nos joies, greffer nos connivences, étayer nos certitudes ; j’engrange les leçons de choses.
Tu n’es pas là , qu’importe. L’imposte des pierres chaudes raconte histoire sans fin. Je me construis au chaume de l’innocence.
Un jour d’automne ou de printemps, tu fouleras le serpolet ou les bruyères ; et si je suis partie, tu me liras. Les pierres auront gardé la douceur de mes sourires.
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Lou, aux nuits rossignol...