Je suis morgane de toi...
Je suis morgane de toi.
Planter graines murmurantes, odyssées d’avenir ; vendanger nos mémoires d’un éternel soupir.
S’arrimer au présent, en goûter tout cordage. Et vivre intensément les délices en chaque âge.
L’enfant de nos marelles, la nourrir de bonbons. Aimer son rire tendre comme on caresse un lion. Se souvenir des peurs et des nuits aux sorcières, lorsque la vie déjà nous tendait mille pièges.
Et cette adolescente aux rêves écarquillés, en aimer les tourments et les soifs exaltées. Comme elle était fragile en ses nuits explosées, explorant toute ville, ses désirs affamés.
Il faudrait chaque nuit redevenir étoile ; et voguer vers les temps en hissant nos grands-voiles.
J’aime la femme en moi qui enfanta l’immense ; mes enfants, mes soleils : vous êtes l’évidence.
Je me souviens des peurs et des cris et des larmes, mais aussi de ces rires devenus comme une arme.
Et tous ces hommes aimés, ces caresses, et leurs cendres. Mes amours ; mes détresses : les maisons vides, « à vendre ».
Scarifiée au scalpel de mes blessures sales, je deviens mer de sel comme un ange d’opale.
Renaître en une nuit comme en réminiscence, reconnaître l’ami à l’exquise présence. Lire Rilke à noël, devenir hirondelle : tout songe est un destin aux couleurs d’irréel.
Tu as su voir en moi l’enfant et la lumière, je t’appelle aujourd’hui comme on va vers la mer ; je serai sable fin en tes pages tournées, ton cœur en coquillage ornera mes années.
Viens, vois mon visage, il est pur, sans outrage. Fixons donc nos vertiges et croisons nos ramages.
Mon âme, enfin posée, crépite en feu de joie ; je palpite alanguie, je suis morgane de toi.
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Lou, aux nuits rossignol...