Les couleurs chantent
Les notes coulent
La nuit bleue s’en va
Elle quitte la scène.

La brume cueille des sourires éteints
Et des miettes de rêve
Dans les lézardes de la ville
Dans les bas-fonds souffreteux.

Le ciel nu s’habille de gris
Laissant tomber à ses pieds
Une pluie de lumière
Et des astres blets.

Les toits et les plaines
Sont les premiers arrosés
Par l’aube juteuse
Leurs cheveux sont ébouriffés.

L’écume chuchote au-loin
L’océan bitumeux bafouille
L’air s’engouffre sous les vagues
Nous y voyons s’ouvrir le vide.

Au fond d’un étang
Empli d’ombres de fleur
Tournent des pierres
Lisses et bleues et fraiches et bleues

Couvertes de mousse orangée
Elles célèbrent l’œil du ciel
En dansant dans le silence émeraude
Au cœur de l’eau endormie.

C’est dans ce monde que vit Louise.

Quand, quelquefois, je viens la rejoindre
Sur sa mouche d’or,
Elle me demande souvent de teindre
En bleu ses trésors.
Hélas les couleurs glissent sur elle,
Des flaques de lait
Vertes et de rouges mirabelles
Fuient son blanc palais.

Louise n’est pas albinos.

Elle n’est qu’un rêve délavé; un jardin noir et blanc.

Une sorte d’onirique et éphémère statue
Qui échappe au regard.

Cicatrice de la neige sous un ciel en papier.