Cent ans de rancoeur du fonds des âges,
Cent ans sans vouloir fermer la page.
Construire des monuments à la plage,
Sans que les frères n'oublissent l'esclavage.
Toujours ressasser
Ce qu'il y a de douloureux au fonds du coeur.
Rouvrir des plaies non cicatrisés,
Ranimer de plein gré les vieilles douleurs.
Toutes ces belles filles à la peau couleur de miel,
Ces élégants jeunes hommes en costumes coco-channel
Nous regardent aujourd'huie en chien de faience
Et nous dévisagent avec reproches et méfiance.
Personne ne leur a dit...
Personne ne leur a dit que pour le passé,
Il est temps de ne plus attiser
Le feu mourant des souvenirs.
Le souvenir des vieilles rancunes,
Les rancunes de la race vendue,
Le sang de Joseph sur la tige des cannes à sucre.
Il faudra leur dire...
Il faudra dire à ces reines d'ébènes,
A ces princes d'ivoire
Que le soleil pleure.
Que les larmes du ciel inonde la terre.
Il faudra leur dire que le temps a passé
Et que le cri des enfants lointains déchirent Saba.
Dites leur que le soleil pleure,
Que nous les attendons.
Dites leur qu'on les reconnaîtra
Et qu'on les aimera.
Ce sera le temps des réconciliations,
Les retrouvailles des fils du soleil.