Ma lyre est courroucée, mes élytres en colère
L’égoïste fourmi m’a parlé de me taire !
Pour lui laisser le gré du grenier de la vie
Et parce que j’ai chanté, je serai donc punie ?
Oh, si, je chanterai ! Et de folle manière
Dépensant à l’envie mes forces éphémères
Et je m’opposerai à ces peurs souterraines
Qui font que les paroles souvent deviennent vaines.
Je ne me tairai pas ! Je ne suis pas muette
Dieu m’a donné la voix, petite et fluette
mais je m’en servirai pour combattre à grand bruit
Tous les sens interdit. Les mots dits ! Les maudits ?
Non, je ne cèlerai pas mes révoltes profondes
Contre les giratoires qui ordonnent la ronde
Folles de mes envies et de ceux ont, fournis
Sécurité, confort et placards bien remplis.
Ah, je crierai bien fort, les larmes et la souffrance
Qui ont fait qu’un repas manque dans une enfance,
Et que dans un tamis, entonnoir, un goulet
Mes mots, mes souvenirs se retrouvent étranglés !
Ah, laissons bien ouvertes nos places à l’impossible
Aux fous, aux affamés, et aux âmes sensibles.
Je donne mes paroles aux muets de la terre,
Je ne me leurre pas : ils sauront quoi en faire !
Et, voyez vous, je chante en haut de mes grands pins
Le pénible tourment des lendemains sans pain !
Je n’ai qu’un court été pour chanter sur la terre
En plus que de souffrir, il faudrait donc me taire !
----------------
Cultivez votre amour de la nature, car c'est la seule façon de mieux comprendre l'art! (Vincent Van Gogh)