Je t’en prie, Ô belle voix !
Ne change plus, par pitié
Garde ta puérile joie
Quand la mienne est oubliée

Sois de la femme et l’enfant,
De la mie et l’amante
Le chaud soleil du levant
Et l’étoile étincelante

Sois les branches chantantes
L’apaisement des forêts
Et la cascade déferlante
Sur les galets égarés

Sois la symphonie sacrée
Qu’une lyre céleste joue
Et l’ode soufflée aux prés
Par les zéphyrs doux

Sois la tendre vaguelette
Qui caresse mes flancs
Quand s’achève la tempête
Et ses éclairs blancs

Sois la fière falaise
Où ma hargne se brise
Et traque à ton aise
Mes sombres abysses

Sois la pureté de la neige
Et la passion du volcan
Sois la larme du cierge
Et son dévouement éloquent

Sois, quand je gémis,
Le soupir d’extase
Et la compassion amie
Quand la haine m’écrase

Et si l’on me répudie
Sois mon fier flambeau
Vers cette terre où resplendit
Le Juste et le Beau

Et parle toujours ne cède pas
Ignore mon ignorance
Le plus pire au trépas
Après le noir, le silence