Je suis tellement las
Le désert a regagné sa froideur
Mes yeux se perdent dans cette immensité qui fait peur
Ma tente est dressée
Mon dromadaire rassasié
Le silence est ma meilleure amie
Quand, venu de nulle part, un homme crie
Je n’y comprends rien
Il baragouine des mots sans fin
Je lui offre le thé
Il m’ordonne de me coucher
Face contre terre, je le salue
L’homme étranger n’en a cure
Il parle une langue étrangère
Je lui réponds qu’il est le bien venu
Son langage est celui de la guerre
Mon dialecte est pourtant très connu
Je lui propose de s’asseoir et de palabrer
Enfin, il dépose son arme, il a perdu le sens du parler
Le thé réchauffe son cœur
Malgré nos différences il me parle de sa famille
Toutes ses pensées sont hantées par la peur
Je lui montre les Ă©toiles
Il me dessine un aigle sur le sable
C’est le symbole de ses frères d’armes
Il rie car il ne comprend pas
Le désert, lui, impassible ne bronchera jamais devant le soldat