Je me sens si petite au fond de ce grand lit
Quand j’entends dans sa voix des mots qu’il ne me dit
Une volonté dure que ses paupières éteignent
Au fond de son regard vert aux reflets châtaigne
Sous son corps ferme et chaud pressé contre le mien
Quand monte son désir que plus rien ne retient
En fantôme troublant ses mains se font pressantes
Lors mon cœur mort se creuse et se mure d’attente
Quand sera le rejet où vient le mot blessant ?
Quel sera le refus et son coup impatient ?
Quand m’accusera-t-il de la faute première ?
Combien de temps paie-t-on une dette usurière ?
Mais je l’aime pourtant et sa voix, sa culture
Font résonnance en moi comme une nourriture
Un substrat bienfaisant dont s’imbibe ma vie
D’émotion, sentiment, la peur en fait partie.
Reviennent les questions en manège incessant
Quand se lassera-t-il de mes atermoiements ?
Quand de sa main hautaine montrera-t-il la porte
Où la tête baissée il faudra que je sorte ?
Alors je m’engourdis et je mets sur ma bouche
Mes deux mains, doigts croisés, en protection farouche
Et seuls mes yeux inquiets le suivant pas à pas
Lui montreront peut-être ce que je ne dis pas.
Et donc je fais la dure et je joue l’affranchie
Dissociant peu à peu mon corps d’avec ma vie
Quand mon âme brûlante a tant besoin de lui
Mes sens eux, s’en éloigne et ma peau refroidit.
Alors, je voudrais bien déposer cette armure
Forgée de main de maitre et de belle facture
Mais que puis-je apporter à son bonheur transi
Quelles sont ses attentes hormis celles des nuits ?
Oh, oui je voudrais bien dépasser mes faiblesses
Mais suis-je sûre un jour que cela ne le blesse ?
Je ne suis qu’une infante dans un corps rebondi
Même mes pauvres mots ont un gout d’interdit.
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Cultivez votre amour de la nature, car c'est la seule façon de mieux comprendre l'art! (Vincent Van Gogh)