L'OXYMORE
L'oxymore ou "oxymoron" ; masculin, du grec oxus, qui signifie pointu, fin, intelligent, et môros, qui veut dire émoussé, sot, d'où l'adjectif "oxumôros" qui peut être assimilé à : fin, sous une apparence de niaiserie, et la création du nom "oxumôron" en rhétorique pour désigner une ingénieuse alliance de mots contradictoires.
L'oxymore est une forme d'antithèse qui unit en un syntagme deux termes en principe contradictoires. L'exemple le plus connu et le plus célèbre est celui de CORNEILLE dans "Le Cid" :
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles.
Le recours à l'oxymore est très fréquent d'une manière générale, en poésie, sans doute à cause de son pouvoir de mise en relief dû au paradoxe qu'il contient. Il rend, de la sorte, plus saisissantes les oppositions de couleurs dans ces vers de Victor HUGO :
Une goutte de sang se détachait de l'ombre,
Implacable, et tombait sur cette blancheur sombre.
On appelle également l'emploi de l'oxymore une "alliance de mots", ceux-ci n'étant pas absolument contraires mais qui sont compatibles logiquement, ou dont la rencontre est inattendue. Ainsi : "charmant et sépulcral", ou encore "Ô la vie et la mort de mon coeur "
Encore quelques exemples :
Je sens en moi l'âme enfantine
D'Homère, vieux musicien.
Tous les poètes ont souvent recours à cette figure pour sa beauté, et parce qu'elle permet d'exprimer l'indicible :
Exemple ==> - "Je ris en pleurs" (François VILLON)
- "Dans le tumulte au silence pareil". (Paul VALÉRY)
- "Vivre prisonnier de la liberté" (C. DOTREMONT)
J'ai, moi-même, largement utilisé l'oxymore dans un long poème qui porte le nom d' OXY(MORE)
Voici les deux premiers quatrains :
Je suis la main de fer dans un gant de velours :
Celui qui, lentement, soudainement s'agite,
Et peut faire payer l'insolence gratuite
À ceux qui, sombrement, éclairent mon parcours.
D'un clair-obscur devine au mieux que je ne vois,
Une lueur d'espoir dans un espace d'ombre :
Ce douloureux bonheur qui me hante, parfois,
De courage et de peur que je chiffre en grand nombre.[...]
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Citation :
La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André LAUGIER)