LE PASQUIL
Ce mot désigne un poème satirique. Il apparaît dans le premier tiers du XVIe siècle et vient de l'italien "Pasquina" qui indique une statue antique à Rome servant de support à des écrits satiriques. On parlait aussi de pasquinade".
Le terme était encore utilisé au XVIIe siècle. Il fait partie des "forfaits" dont on accable Boileau lorsqu'il est de retour à Paris :
...
Un écrit scandaleux, sous votre nom se donne,
D'un pasquin qu'on a fait, au Louvre on vous soupçonne
...
BOILEAU. (Épitre VI.À M. de Lamoignon. 1677)
À la fin du siècle, le "Dictionnaire de l'Académie" (1694) définit ainsi le "pasquin" :
"Satire courte, ainsi nommée à cause d'une vieille statue mutilée qui est à Rome, où on a accoutumé d'afficher ces sortes de satires".
Le mot disparut ensuite en ce sens, supplanté par "l'épigramme". Au XVIIIe siècle, il prend le sens de "bouffon".
Quant au pasquin de Boileau, il faut admettre qu'aucune de ses "satires courtes" ne porte cette mention. Sous le titre "épigrammes" on trouve quelques vers qui constitueraient bien un pasquin :
À M. Perrault, sur les livres qu'il a faits contre les anciens
D'où vient que Cicéron, Platon, Virgile, Homère,
Et tous ces grands auteurs que l'univers révère,
Traduits dans vos écrits nous paraissent si sots ?
Perrault, c'est qu'en prêtant à ces esprits sublimes
Vos façons de parler, vos bassesses, vos rimes,
Vous les faites tous des Perraults.
BOILEAU, 1693.
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Citation :
La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André LAUGIER)