LA GLOSE
En grec "glôssa" qui signifie "langue". Ou encore "glosa" qui veut dire : "mot qui a besoin d'une explication."
En poétique, la glose est un poème qui "parodie" une poésie célèbre. Aujourd'hui, elle a le sens général d'une annotation, d'un commentaire, et, par la suite de l'abus qu'en ont fait de pseudo-savants jusqu'à étouffer le texte original sous leurs gloses, il a pris une connotation péjorative. "Tu gloses, tu gloses, c'est tout ce que tu sais faire", aurait pu dire le perroquet de Raymond QUENEAU;
Le mot est apparu en France dès le XIIème siècle. Il a donné son nom à un genre poétique à vrai dire assez peu répandu, mais parfaitement défini. La "glose" est une variété de la "parodie". Elle est une poésie dans laquelle un autre poème connu et même célèbre est paraphrasé ou parodié en strophes de quatre vers, de telle façon que, du premier au dernier vers, chacun des vers du poème parodié reparaît à son tourt dans la "glose", comme dernier vers de chacune des strophes de la "glose".
Cinq strophes, ci-dessous, suffiront, bien plus qu'un volumineux développement, à suivre le mécanisme de la "glose".
Prenons l'exemple d'un quatrain d'Isaac de BENSERADE intitulé "JOB". Vous remarquerez que Jean-François de SARAZIN, à construit son propre poème en utilisant chaque vers de ce quatrain à la fin de chacun des siens.
Tel est le principe de la "glose". Un jeu passionnant qui incitera peut-être quelques uns d'entre vous à se frotter à l'exercice et à relever le défi sur une poésie de son choix.
JOB
Job, de mille tourments atteint,
Vous rendra sa douleur connue
Et raisonnablement il craint
Que vous n’en soyez point émue.
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GLOSE SUR LE SONNET DE BENSERADE par Jean-François SARAZIN
Monsieur Esprit, de l'Oratoire,
Vous agissez en homme saint,
De couronner avecques gloire
Job de mille tourments atteint.
L'ombre de Voiture en fait bruit,
En s'étant enfin résolue
De vous aller voir cette nuit,
Vous rendra sa douleur connue.
C'est une assez fâcheuse vue,
La nuit qu'une Ombre qui se plaint.
Vôtre esprit craint cette venue,
Et raisonnablement il craint.
Pour l'apaiser, d'un ton fort doux
Dites, j’ai fait une bévue,
Et je vous conjure à genoux
Que vous n'en soyez point émue.
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Citation :
La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André LAUGIER)