L'ACCENT
La notion d'accent est relativement récente en versification française, puisqu'elle n'a été reconnue qu'au XIXe siècle, sous l'influence des versifications espagnoles et italienne.
En effet, notre langue n'accorde pas à l'accent une fonction distinctive. Il est plutôt démarcatif (le français étant une langue oxytonale), et se place, en principe,sur la dernière syllabe non caduque du mot ou du groupe de mots avec, sur la prononciation, des effets d'intensité, de durée et de hauteur.
On distingue généralement :
- l'accent tonique, qui marque la dernière syllabe, non caduque de mot ou de groupe de mots : la capiTAL(e), un mot chaleuREUX.
- l'accent grammatical, lui aussi oxytonal, qui délimite les grandes articulations syntaxiques :
S'il faut être JUSte pour auTRUI, il faut être VRAI pour SOI (Rousseau).
On distingue ainsi plusieurs catégories d'accents dans une phrase : tonique, logique, oratoire, syntaxique, conclusif, affectif... Ils peuvent se placer différemment suivant l'intention de celui qui parle, le style, l'émotion, etc...
L'alexandrin classique est divisé en deux groupes de six syllabes, appelés hémistiches, qui correspondent à deux accents métriques fixes. L'un à la césure, l'autre en fin de vers, sur la dernière voyelle non muette :
- Vous-même rougiRIEZ // de ma tâche conDUIT(e).
Les "accents" peuvent être distribués régulièrement dans un vers, comme, par exemple, dans le "trimètre". Dans ce type d'alexandrin, les "accents" déterminent "trois groupes de quatre syllabes":
- Toujours aimer, / toujours souffrir, / toujours mourir.
Les "accents" ne constituent qu'un des éléments de la versification. Ils témoignent de l'oralité de toute poésie, qui s'entend toujours, même si ce n'est qu'intérieurement : la poésie est faite pour être dite, même quand elle est lue seulement des yeux.
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Citation :
La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André LAUGIER)