L'HENDÉCASYLLABE
L'hendécasyllabe (du Grec "hendeka" qui signifie "onze" est un vers de onze syllabes. Il est le plus souvent césuré : 5/6.
Mon âme se prend // ) à chanter sans effort,
À pleurer aussi // tant mon amour est fort.
Marceline DESBORDES-VALMORE
Mais on le trouve aussi avec le rythme 6/5, ce qui lui donne une allure d'alexandrin raté :
C'est trop beau ! c'est trop beau ! // mais c'est nécessaire
RIMBAUD
VERLAINE le découpe aussi en 7/4 :
Tous les désirs rayonnaient // en feux brutaux.
Mais ce rythme peut être inversé en 4/7 :
Par un brouillard :: d'après-midi tiède et vert.
RIMBAUD.
C'est un vers assez ancien, mais utilisé en France de manière irrégulière : employé en "hétérométrie" dans la poésie lyrique médiévale, il tombe en désuétude à la fin du XIIIe siècle.
On le retrouve au XVIIe siècle dans des chansons, puis au XIXe siècle, sous la plume de Marceline DESBORDES-VALMORE, et également de VERLAINE à RIMBAUD.
De nos jours, on le retrouve par exemple dans l'œuvre d'Yves BONNEFOY, rythmé 6/5 :
Tu fus sage d'ouvrir, // il vint à la nuit,
Il posa près de toi // la lampe de pierre.
Plusieurs spécialistes voient en "l'hendécasyllabe" un héritier de "l'hexamètre" latin (dont le système venait de l'existence de syllabes longues et de syllabes brèves), par l'intermédiaire de psaumes religieux s'essayant à la chimère des vers français mesurés.
L'hendécasyllabe donne à l'oreille l'impression d'un flottement parce que la "césure" semble difficile à placer.
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Citation :
La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André LAUGIER)