Pour ne pas oublier la chose capitale
Nous avons vu partout, et sans l'avoir cherché
Du haut jusqu'en bas de l'échelle fatale
Le spectacle ennuyeux de l'immortel péché
La femme,esclave vile,orgueilleuse et stupide
Sans rire, s'adorant et s'aimant sans dégoût
L'homme tyran goulu,paillard,dur et cupide
Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout;
Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote
La fête qu'assaisonne et parfume le sang
Le poison du pouvoir énervant le despote
Et le peuple amoureux du fouet abrutissant;
Plusieurs religions semblables à la nôtre
Toutes escaladant le ciel; la Sainteté
Comme en un lit de plume un délicat se vautre
Dans les clous et le crin cherchant la volupté.
L'Humanité bavarde,ivre de son génie
Et folle,maintenant comme elle était jadis
Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie
"Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis!"
Et le moins sots, hardis amants de la Démence
Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin
Et se réfugiant dans l'opium immense
-Tel est du globe entier l'éternel bulletin."